• grimoire malefique

    L'Agrippa

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    Un grimoire légendaire, l'Agrippa, du nom de son auteur présumé, Henri Corneille Agrippa, a suscité bien des fascinations et des craintes.

    Anatole Le Braz raconte au sujet de ce grimoire :
    "L'Agrippa est un livre énorme. Placé debout, il a la hauteur d'un homme. Les feuilles en sont rouges, les caractères en sont noirs. Pour qu'il ait son efficacité, il faut qu'il ait été signé par le diable.
    Tant qu'on n'a pas à le consulter, on doit le maintenir fermé à l'aide d'un gros cadenas. C'est un livre dangereux. Aussi ne faut-il pas le laisser à portée de la main. On le suspend au moyen d'une chaîne, à la plus haute poutre d'une pièce réservée. Il est nécessaire que cette poutre ne soit pas droite, mais tordue".

    L'Agrippa n'est pas un livre comme les autres. Il est vivant, et répugne à se laisser consulter. Pour lui arracher ses secrets, il faut se mesurer à lui et le dresser, comme on le ferait d'une bête fauve : "Tant qu'on ne l'a pas dompté, on n'y voit que du rouge. Les caractères noirs ne se montrent que lorsqu'on les y a contraints, en rossant le livre, comme un cheval rétif. On est obligé de se battre avec lui, et la lutte dure parfois des heures entières. On en sort baigné de sueur".

    A l'origine, seuls les prêtres avaient le droit de posséder un exemplaire de l'Agrippa. On dit que chacun d'eux avait le sien, qu'ils trouvaient à leur réveil sur leur table de nuit, le lendemain de leur ordination, sans qu'ils sachent d'où il leur venait ni qui le leur avait apporté.
    Au moment de la révolution française, de nombreux ecclésiastiques émigrèrent, et leurs Agrippa furent dispersés. Ainsi s'explique la présence dans certaines fermes du "livre étrange".


    Toutefois, le possesseur illégitime d'un Agrippa se reconnaît à certains signes sûrs : il émane de lui une odeur particulière, faite de soufre et de fumée, et il marche en hésitant à chaque pas qu'il fait, de crainte de piétiner une âme. Il ne peut plus jamais se défaire du livre maudit, à moins d'appeler à son secours un prêtre assermenté, et cela uniquement lorsqu'il se trouve à l'article de la mort. C'est à ce moment-là que les hommes d'Eglise, appelés au chevet du défunt, lui accordent l'extrême-onction en échange du livre interdit. La promesse du paradis - et surtout l'assurance qu'il n'ira pas en enfer - suffit à convaincre le moribond, qui envoie quelqu'un des siens détacher l'Agrippa : "L'Agrippa, détaché, cherche à faire des siennes. Il mène un sabbat à travers toute la ferme. Mais le prêtre l'exorcise et le fait tenir tranquille. Puis il commande aux personnes qui sont là d'aller quérir un fagot d'ajonc. Il y met le feu lui-même. L'Agrippa est bientôt réduit en cendres. Le prêtre recueille alors cette cendre, l'enferme dans un sachet, et passe le sachet au cou du moribond, en disant :"Que ceci vous soit léger!"

    Claude Seignolle (1) affirme de son côté que les pages des grimoires sont colorées d'un pourpre si violent qu'on ne peut les contempler longtemps sans se brûler les yeux. Le profane ne peut toutefois y distinguer aucun signe, et cela afin que les secrets du diable ne soient pas révélés au tout-venant : "Il est bien connu que si tu n'es pas toi-même sorcier, il faut te garder de lire ces livres car plus tu les lis, plus tu désires en savoir, tant et si bien que finalement tu ne peux te retenir de jeter le mal ; là est un grand risque : si tu as le sang plus faible que ta victime, le sort se retourne contre toi et tu l'attrapes de plein fouet".

    Enfin, le diable ne tolère la présence de grimoires sur terre qu'en nombre limité, et finit toujours à plus ou moins longue échéance par venir reprendre son bien - avec, par la même occasion, l'âme du possesseur de grimoire. L'inquisiteur Giraldo fait ainsi dire au Cornu : "Je tords le cou à ceux qui, lisant dans un grimoire sans le savoir, me font venir et ne me donnent rien. Mais je m'en retourne paisiblement d'avec ceux qui me donnent une savate, un cheveu ou une paille...."

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