• Les outils détaillés ci-après sont ceux de la pratique magique ou sorcière, et la liste qui est donnée sur cette page n'est en rien exhaustive, ni obligatoire. Inutile donc de vous lancer immédiatement dans une frénésie d'achats. Vous avez tout le temps d'acquérir ces objets un par un, au fur et à mesure de vos besoins. Laissez-vous guider par votre instinct pour le choix de vos outils, plutôt que de vous jeter sur les premiers objets venus, vous aurez ainsi des outils avec lesquels vous vous sentirez bien. Certains accessoires se trouvent plus ou moins facilement dans le commerce, d'autres devront être réalisés par vous même ou faits faire sur mesure. La tradition veut que les outils qui doivent être achetés le soient sans marchandage. Rappelez-vous en lors de vos "emplettes" !

    Athamé :

    L'Athamé est un outil indispensable à la pratique sorcière. Il s'agit d'un couteau (les couteaux japonais sont parfaits pour cet usage) ou d'une dague, possédant une lame en acier à simple ou double tranchant et un manche isolant en matière naturelle (os, bois, ivoire ou corne). Les matières synthétiques doivent être évitées pour le manche de l'Athamé car bien qu'isolantes, elles perturbent les flux énergétiques. La tradition veut que le manche soit noir, mais tous ne s'accordent pas la dessus, et beaucoup de sorciers et de sorcières pratiquent avec un Athamé donc le manche n'est pas noir. Selon les traditions et les auteurs, la longueur de la lame varie de 13 à plus de 45 cm (la longueur d'une dague). A vous de prendre une lame avec laquelle vous vous sentez à l'aise. Par contre la garde devra être droite et former une croix avec la lame.

    Une fois consacré il est recommandé de placer celui-ci dans un étui ou un morceau de tissu afin de le protéger des objets et contacts profanes. Mais pas d'angoisses inutiles, un couteau qui aurait été profané est réutilisable, inutile de le jeter. Il suffit de le purifier/exécrer puis de le reconsacrer. L'Athamé est un couteau rituel, pour les autres usages beaucoup utilisent le Bolline (cf. plus bas), mais certains sorciers n'hésitent pas à utiliser l'Athamé pour couper les herbes etc. Pour cela ils l'exècrent et le reconsacrent à chaque fois.

    Lors des rituels, l'Athamé sert à dissoudre les agglomérats énergétiques, grâce au pouvoir dissolvant des pointes. Il agit ici comme un paratonnerre. L'Athamé a aussi un usage symbolique, c'est un outil séparateur, un objet traditionnel de défense, un outil de transfert, de dégagement, et de clôture d'invocations et d'évocations (grâce, à la fois, à ses propriétés dissolvantes et à son pouvoir séparateur). L'Athamé est aussi utilisé pour soumettre certaines entités lorsque la baguette ne suffit plus. Il sert aussi à tracer ou à retracer symboliquement le cercle de protection, ainsi que les diagrammes. Pour cet usage on peut utiliser l'Epée si l'Athamé a une lame vraiment trop courte pour pouvoir aisément se baisser. D'ailleurs l'Athamé est en Sorcellerie ce que l'épée est en Magie Cérémonielle. Sur le plan symbolique, certains attribuent l'élément Air à l'Athamé (en raison de son lien avec le verbe), alors que d'autres lui attribuent l'élément Feu (en raison de la forge de la lame). Là encore ce sera à vous de choisir votre symbolique en fonction de votre ressenti personnel.

    La lame et le manche peuvent être ornés lors de la consécration de runes, de symboles (par exemple le symbole graphique de la lune et/ou un pentagramme), ou de lettres issues d'un alphabet magique (l'alphabet thébain par exemple). Vous pouvez les peindre ou les graver si vous possédez un petit graveur-fraiseur électrique (type Dremel).

    Si vous tenez à le faire faire pour avoir un modèle unique, le forgeron choisi devra respecter les restrictions suivantes imposées par la tradition. Il y a de fortes chances pour qu'il vous envoie balader, vous allez comprendre pourquoi. La lame doit impérativement être forgée en Lune ascendante entre le premier quartier et la pleine lune. Le processus de forge doit durer au moins 7 lunaisons, la première opération devant être commencée à la lune montante du printemps. Lors de chaque opération de forge, la lame devra subir une trempe spéciale : la trempe au sable. Celle-ci donne des aciers très durs au tranchant durable, et la lame aura des reflets violets assez étranges. Pour faire cette trempe, le forgeron doit remplir un récipient de sable fin (type Sable de Fontainebleau ou sable de rivière lavé et tamisé) imbibé de pétrole pur (si possible du pétrole brut non raffiné). Le pétrole représente symboliquement le sang de la Terre. Lorsque la lame est travaillée et portée au rouge, le forgeron présente ses deux faces à la lune puis la plonge dans le sable.


    Épée :

    L'Epée possède le même symbolisme et le même usage que l'Athamé, mais l'Epée s'utilise plutôt en Magie Cérémonielle. Si vous tenez à en avoir une, il vaudra mieux pratiquer à l'extérieur : le maniement d'une épée dans une pièce d'un appartement ou d'une maison est plutôt périlleux. La lame devra être droite, à double tranchant, et le manche devra être en matière naturelle isolante. La longueur doit être telle que lorsque la pointe est posée par terre, la poignée soit bien en main. La section de la lame devrait être idéalement losangique, mais une forme en triangle ou en croix évidée ira très bien aussi. Enfin, comme pour l'Athamé, la garde doit être droite et former une croix avec la lame.


    Bolline :

    Le Bolline est un couteau traditionnellement à manche blanc, qui sert à couper les herbe, les branches (pour la fabrication de la baguette par exemple), à façonner des morceaux de bois, à sculpter la cire, les dagydes etc ... Personnellement je pense que la couleur du manche n'est pas importante, elle n'est la que pour contraster avec celle de l'Athamé. Un bon Opinel d'une taille suffisante peut suffire à jouer le rôle du Bolline.


    Baguette et Bâton :

    La Baguette (parfois appelée Baculum) et le Bâton sont le prolongement du bras, ils sont des symboles de commandement, de maîtrise, de pouvoir et de domination. Celui qui tient la Baguette ou le Bâton (symbole phallique) est celui qui commande et qui ordonne, celui qui possède la puissance de fécondation et donc le pouvoir. Le Bâton est aussi le bâton serpent, qui symbolise l'énergie tellurique. Le Bâton et la Baguette sont à la fois des symboles et des outils magiques. Ils canalisent les énergies issues du pratiquant, et démontrent sa puissance de commandement sur ce qui l'entoure (entités, élémentaux, etc..).

    Lorsqu'il est fiché en terre, le Bâton devient un moyen de puiser l'énergie tellurique, il faut pour cela le tenir dans la main gauche (main qui capte). La Baguette et le Bâton sont des canaux énergétiques qui fonctionnent dans les deux sens, mais le Bâton sert essentiellement à capter les énergies telluriques et cosmiques, alors que la Baguette sert à projeter l'énergie, chargée par le pratiquant, en la canalisant. C'est dans la Baguette que l'on concentre la volonté, le pouvoir et l'énergie avant de la projeter vers sa destination. Pour accumuler les énergies autour de vous, faites tourner votre Baguette dans le sens des aiguilles d'une montre, en la tenant bien dans le prolongement de votre bras. Le Bâton étant un capteur d'énergie, il doit être tenu le plus souvent dans la main gauche, alors que la Baguette qui est émettrice doit généralement être tenue dans la main droite.

    Attention : Chez certaines personnes la main captatrice est la main droite, et l'émettrice est la gauche. A chacun d'adapter en fonction.

    Sur le plan des correspondances, comme pour l'Epée ou l'Athamé, deux camps s'affrontent. Dans les Tarots, les bâtons sont liés à l'élément Feu, mais le Bâton est fait de bois, issu d'un arbre qui pointe vers le ciel, et la Baguette est là pour appuyer le verbe, ce qui laisse à penser que le Bâton et la Baguette sont plutôt liés à l'Air.

    Pour la fabrication de votre Baguette, vous avez une multitude de bois à votre disposition. Vous pouvez quasiment utiliser tous les bois à fibres longues et continues, sauf les résineux, car la résine provoque de l'électricité statique, ce qui interfère avec les flux énergétiques. Les bois les plus réputés sont le Sureau, le Noisetier, le Bouleau, le Chêne, etc ... Chaque bois ayant des correspondances planétaires et élémentales propres, il vous faudra choisir le bois en fonction de l'usage que vous voulez faire de votre baguette. Les différentes méthodes de fabrication, et les correspondances de chaque bois sont détaillées dans une autre page.

    Comme pour l'Athamé et les autres objets, vous pouvez la décorer de runes, de votre nom en alphabet magique, ou d'autres symboles magiques. Une fois consacrée vous devrez la ranger dans un coffre ou un linge en tissu naturel (soie, lin ou coton).

    Coupe :

    La Coupe, ou Calice, est l'outil relié à l'élément Eau, et à la Lune. C'est une variante du chaudron des sorcières, qui symbolise la matrice de la Terre-Mère (d'où tout provient et où tout retourne), elle correspond aux énergies passives, féminines et matérielles, et elle s'apparente au sein maternel d'où coule le lait nourricier. Vous pouvez prendre une Coupe en verre ou en cristal, ou un gobelet en matière naturelle quelconque (grès, métal). Il faut une Coupe d'une taille suffisante, mais pas exagérée non plus, celle d'un mazagran est idéale. Pour la matière, le métal est plus solide, mais attention méfiez-vous du laiton, du cuivre, du bronze et de l'étain, car ils s'oxydent au contact de certains liquides et produisent alors des composés toxiques. Pour votre propre sécurité assurez-vous dans ce cas que l'intérieur de la coupe est émaillé. Evitez aussi autant que possible les coupes portant des symboles religieux qui pourraient entrer en conflit symbolique avec la pratique sorcière. Pour les puristes vous pouvez prendre une coupe en argent (ou en alliage à argent majoritaire) gravée avec des runes et des symboles païens. La coupe sert à boire les préparations ou les macérations de plantes, à offrir des liquides lors d'une évocation, à contenir l'eau salée des exorcismes, ou les boissons des libations rituelles.

    Pentacle d'autel :

    Le Pentacle d'autel est constitué d'un pentagramme tracé ou gravé sur un disque ou un carré de métal, de bois, de parchemin, ou de pierre. Le Pentacle est lié à l'élément Terre, il symbolise le corps et la réalité physique et matérielle dans laquelle nous vivons. S'il a un but de protection, il faudra alors inscrire le pentagramme dans un cercle. C'est sur le Pentacle d'autel que l'on déposera les amulettes, les sachets ou autres objets afin de les consacrer. Vous pouvez vous en faire un tout simple sur un carré de parchemin végétal (ou sur du bristol fort) de 20 cm sur 20, avec au centre de l'autre face votre nom en alphabet magique de votre choix. Vous pouvez aussi le peindre sur une plaque de bois, que vous vernirez ensuite afin d'éviter que la peinture ne s'en aille trop vite à l'usage. Si vous possédez un petit graveur-fraiseur, vous pouvez aussi le graver sur du métal, ou du bois. En plus du pentagramme vous pouvez ajouter d'autres symboles magiques (avec parcimonie) qui sont liés à votre tradition magique.

    Cloche :

    La cloche est un outil de purification et de délimitation du temps pendant le rituel. Ses vibrations éloignent les mauvais esprits et les mauvais sorts, et son tintement délimite les différentes étapes du rituel. Elle joue un rôle important car le tintement de cloche à la fin du rituel aide à provoquer le phénomène de rupture.

    Balai :

    Le Balai sorcier traditionnel est constitué d'un manche en frêne et d'un corps constitué de brindilles de bouleau, attachées entre elles par un jonc de saule (le frêne est protecteur, le bouleau purificateur, et le saule est consacré à la Déesse). Le Balai, qui est consacré à la fois à la Déesse et au Dieu, sert à purifier l'espace rituel avant toute pratique magique ou la pièce avant une méditation, et il est parfois utilisé pour nettoyer de manière symbolique le cercle consacré. Au Moyen Age on croyait que les sorcières allaient au sabbat en volant sur un Balai.

    Encensoir :

    L'Encensoir sert à brûler les encens en résine, en cône ou en bâton, mais aussi certaines huiles essentielles et autres poudres pour fumigation. Vous pouvez utiliser un véritable encensoir, ou bien un brûle parfum, ou même un petit réchaud. L'Encensoir est un outil indispensable de la pratique sorcière, et il est lié à l'élément Air. Vous pouvez en trouver facilement dans les boutiques ésotériques, généralement en laiton, mais évitez ceux qui sont trop petits, car ils n'arriveraient pas à amortir la chaleur dégagée par le charbon ardent, et leur socle brûlerait l'autel en dessous. Gardez en tête qu'un charbon ardent peut dépasser les 500 °C lorsque vous ferez votre choix pour l'Encensoir.

    Evitez aussi ceux qui sont trop décorés ou gravés, car les résines que vous brûlerez dedans déposeront une croûte difficile à enlever même sur un support lisse, alors sur un support sculpté .... S'il faut éviter les encensoirs trop petits à cause de la chaleur, évitez aussi les encensoirs géants que vous seriez incapable de transporter en cas de pratique en extérieur. Prenez-en un de bonne taille (idéalement le diamètre devrait être d'environ 12 cm), sur pied, avec un socle en bois afin de protéger l'autel. Vous pouvez prendre un Encensoir véritable, ou un bol en terre cuite, en céramique ou en métal, ou même un coquillage (type coquille Saint-Jacques) dans lequel vous verserez une bonne épaisseur de sable ou de sel. Le sable ou le sel jouera le rôle d'isolant et évitera que votre bol n'éclate ou ne brûle l'autel. L'avantage du sable ou du sel c'est qu'il est facile d'y poser le charbon ardent, les cônes ou d'y enfoncer les bâtons d'encens.

    La fumée dégagée par l'encens est utile aussi bien comme support d'apparition pour certaines entités, que comme moyen d'entrer en transe (fixer la fumée qui sort de l'Encensoir peut avoir un effet hypnotique sans parler des propriétés psychotropes de certaines résines).

    Chaudron :

    Le Chaudron de la sorcière est une image bien connue du public, et il est un outil important. C'est dans le Chaudron que les sorcières préparaient les philtres et autres potions. Le Chaudron symbolise la Matrice de la Terre-Mère, et c'est pourquoi le Chaudron est associé à la Déesse. Le Chaudron devant être utilisé principalement dans une cheminée ou sur un feu de bois, inutile de vous jeter sur le premier Chaudron venu si vous habitez dans un appartement ou une maison dépourvue de cheminée, et que vous ne pratiquez que très peu en extérieur. Le Chaudron peut aussi servir à contenir des objets qui doivent brûler pendant le rituel, ou peut être rempli d'eau pour servir d'instrument de divination. Mais pour ces usages vous pouvez très bien utiliser des récipients en grès de bonne taille. Si vous tenez à avoir un Chaudron prenez-en un à trois pieds, les trois pieds symbolisant l'aspect triple de la Déesse, et assurant aussi la stabilité du Chaudron.

    Cingulum :

    La corde ou Cingulum, que le sorcier porte nouée à la ceinture par dessus son tabard, ou sans rien en dessous, sert à mesurer le diamètre du cercle, à le matérialiser, à "nouer" les choses, et à nous "lier" nous-même. Le Cingulum symbolise le lien qui unit l'univers physique (le conscient), l'univers mental (l'inconscient) et l'univers émotionnel (le subconscient) de l'homme. Il symbolise aussi le lien qui existe entre le pratiquant et les entités égrégoriques qui lui servent d'aides invisibles.

    Il peut être de chanvre, de lin, ou de coton, l'important est qu'il soit en matière naturelle. Le Cingulum doit faire environ 1,80 m. Pour le fabriquer, prenez trois longueurs d'1,80 m de ruban, ou de tissu rouge, noir ou blanc, nouez les au bout et tressez les ensemble (vous pouvez psalmodier une formule de consécration pendant la fabrication, j'en donne une dans la page de consécration des outils). Une fois arrivé au bout faites un noeud bien serré, puis faites-en un autre à 1,05 m du premier, puis le 2e à 1,20 m, le 3e à 1,35 m, le 4e à 1,50 m et le dernier à 1,65 m (soit 15 cm entre chaque noeud). Ces mesures sont celles qui correspondent le mieux aux anciennes unités (toises, pieds et pouces).


    Boussole :

    Beaucoup de livres omettent de mentionner la Boussole comme outil. Et pourtant, sans Boussole il vous sera difficile de trouver le Nord exact pour orienter votre cercle, et placer vos outils et éléments rituels. Prenez-vous une bonne Boussole à bain d'huile, cela vous évitera d'attendre une éternité avant que celle-ci ne se stabilise et vous indique enfin le Nord


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  • Le magicien des peurs

    Il était une fois, une seule fois, dans un des pays de notre monde, un homme que tous appelaient le Magicien des Peurs.

    Ce qu’il faut savoir, avant d’en dire plus, c’est que toutes les femmes, tous les hommes et tous les enfants de ce pays étaient habités par des peurs innombrables.

    Peurs très anciennes, venues du fond de l’humanité, quand les hommes ne connaissaient pas encore le rire, l’abandon, la confiance et l’amour.

    Peurs plus récentes, issues de l’enfance de chacun, quand l’incompréhensible de la réalité se heurte à l’innocence d’un regard à l’étonnement d’une parole, à l’émerveillement d’un geste ou à l’épuisement d’un sourire.

    Ce qui est sûr, c’est que chacun, dès qu’il entendait parler du Magicien des Peurs, n’hésitait pas à entreprendre un long voyage pour le rencontrer. Espérant ainsi pouvoir faire disparaître, supprimer les peurs qu’il ou elle portait dans son corps, dans sa tête.

    Nul ne savait comment se déroulait la rencontre. Il y avait chez ceux qui revenaient du voyage, beaucoup de pudeur à partager ce qu’ils avaient vécu. Ce qui est certain, c’est que le voyage du retour était toujours plus long que celui de l’aller.

    Un jour, un enfant révéla le secret du Magicien des Peurs. Mais ce qu’il en dit parut si simple, si incroyablement simple, que personne ne le crut.

    « Il est venu vers moi, raconta-t-il, m’a pris les deux mains dans les siennes et m’a chuchoté :

    - Derrière chaque peur, il y a un désir. Il y a toujours un désir sous chaque peur, aussi petite ou aussi terrifiante soit-elle ! Il y a toujours un désir, sache-le ».

    « Il avait sa bouche tout près de mon oreille et il sentait le pain d’épices » confirma l’enfant.

    « Il m’a dit aussi :

    - Nous passons notre vie à cacher nos désirs, c’est pour cela qu’il y a tant de peurs dans le monde. Mon travail, et mon seul secret, c’est de permettre à chacun d’oser retrouver, d’oser entendre et d’oser respecter le désir qu’il y a sous chacune de ses peurs ».

    L’enfant, en racontant tout cela, sentait bien que personne ne le croyait. Et il se mit à douter a nouveau de ses propres désir.

    Ce ne fut que bien des années plus tard qu’il retrouva la liberté de les entendre, de les accepter en lui. Cependant, un jour, un homme décida de mettre le Magicien des Peurs en difficulté.

    Oui, il voulait le mettre en échec. Il fit le voyage, vint à lui avec une peur qu’il énonça ainsi :

    - J’ai peur de mes désirs !

    Le Magicien des Peurs lui demanda :

    - Peux-tu me dire le désir le plus terrifiant qu’il y a en toi ?

    - J’ai le désir de ne jamais mourir, murmura l’homme.

    - En effet, c’est un désir terrible et fantastique que tu as là.

    Puis, après un temps de silence, le Magicien des Peurs suggéra :

    - Et quelle est la peur qu’il y a en toi, derrière ce désir ? Car derrière chaque désir, il y a aussi une peur qui s’abrite et parfois même plusieurs peurs.

    L’homme dit d’un seul trait :

    - J’ai peur de ne pas avoir le temps de vivre toute ma vie.

    - Et quel est le désir de cette peur ?

    - Je voudrais vivre chaque instant de ma vie, de la façon la plus intense, la plus vivante, la plus joyeuse, sans rien gaspiller.

    - Voilà donc ton désir le plus redoutable", murmura le Magicien des Peurs. "Ecoute moi bien. Prends soin de ce désir, c’est un désir précieux, unique. Vivre chaque instant de sa vie de la façon la plus intense, la plus vivante, la plus joyeuse..., sans rien gaspiller, c’est un très beau désir. Si tu respectes ce désir, si tu lui fais une place réelle en toi, tu ne craindras plus de mourir. Vas, tu peux rentrer chez toi.

    Mais vous qui me lisez, qui m’écoutez, peut-être, vous allez tout de suite me dire :

    "Alors chacun d’entre nous peut devenir un magicien des peurs" Bien sûr, c’est possible, si chacun s’emploie à découvrir le désir qu’il y a en lui, sous chacune de ses peurs ! Oui, chacun de nous peut oser découvrir, dire ou proposer ses désirs, à la seule condition d’accepter que tous les désirs ne soient pas comblés. Chacun doit apprendre la différence entre un désir et sa réalisation...

    "Alors, tous les désirs ne peuvent se réaliser, même si on le désire ?"

    "Non, seulement certains. Et nul ne sait à l’avance lequel de ses désir sera seulement entendu, lequel sera comblé, lequel sera rejeté, lequel sera agrandi jusqu aux étoiles !

    C’est cela, le grand secret de la vie. D’être imprévisible, jamais asservie et en même temps, immensément généreuse face aux désirs des humains." Des rumeurs disent que le Magicien des Peurs pourrait passer dans notre pays...


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  • Un conte pour voir au-delà de son regard.


    Il était une fois, au fin fond de la Sibérie, un village de chasseurs, où le chef avait une femme très belle, très jeune, dont il était amoureux fou ...
    La saison de chasse ayant été très fructueuse, il chargea son traîneau de toutes les forures pour aller les vendre à la ville voisine. Les peaux étant d'une très belle qualité, il put les échanger à un bon prix, acheter tout ce qu'il fallait pour la survie de son village et le bien être de chacun, car c'était un homme juste et bon.

    Après tous ces achats, il lui resta une peau de renard blanc et il vit, dans un coin du magasin, un miroir en métal poli. Dans son village où l'on vivait depuis des millénaires sous la tente, il n'y avait jamais eu, de mémoire de chasseur, aucun miroir. Aussi pensa t-il faire plaisir à sa femme, qui était comme vous le savez " belle comme un rêve " en échangeant la peau de renard blanc contre le miroir de métal poli.

    Il revint au village, distribua les vivres et les objets ramenés de la ville équitablement entre tous les chasseurs, ne gardant pour lui que le miroir enveloppé dans sa chemise, qu'il déposa aux pieds de sa femme.

    Celle-ci se pencha sur le paquet, ouvrit la chemise, reconnut l'odeur de son mari, s'arrêta stupéfaite, éclata en sanglots, puis prit son manteau, ses raquettes de neige et s'enfuit sans un mot jusqu'au village de sa mère.

    Cette dernière s'étonna de la visite de sa fille. Celle-ci entre deux sanglots murmura :

    - Mon mari ne m'aime plus. Il est parti à la ville comme chaque année, vendre ses fourrures. Comme chaque année depuis toujours, il a rapporté tout ce qu'il fallait pour le village. Il n'a oublié personne.

    Mais dans sa chemise, il a ramené une femme merveilleuse, très jolie, séduisante comme un matin de printemps. Elle avait même son odeur, je l'ai reconnue. C'est bien le signe qu'il ne m'aime plus.

    Sa mère qui était une femme d'expérience, car elle avait beaucoup vécu, lui dit :

    - Viens avec moi, je veux voir qui oserait être plus belle que ma fille. Plus belle que le rêve d'un roi !
    Je veux voir.

    Arrivée au village des chasseurs, elle rentra sous la tente du chef, reconnut la chemise de son gendre, l'ouvrit, se pencha, regarda et éclata de rire, en disant à sa fille :

    - Tu n'as rien à craindre ma chérie, elle est vieille et moche.

    Oui on ne voit ses problèmes ... qu'avec ses propres yeux !


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