• La Bête du Gévaudan – Un terrifiant mystère

    Ci-dessus en haut photo de la statue d’Auvers où Marie-Jeanne Vallet combat la Bête, en bas à gauche « les horribles agissements de la Bête » (Bibliothèque nationale, Paris) et à droite stèle à la mémoire de Jean Chastel à la Besseyre St-Mary

    De 1764 à 1767, les villages, les forêts et les pâtures du sud du Massif central ont résonné des grondements du plus sanguinaire de tous les monstres : la Bête de Gévaudan.
    L’aube de l’été 1764, la province sauvage et montagneuse du Gévaudan (actuelle Lozère) s’apprêtait à entrer dans la période la plus terrifiante de son histoire… Le 30 juin, Jeanne Boulet, une bergère de 14 ans fut découverte morte et horriblement mutilée dans le pâturage où elle menait ses vaches. Elle fut la première victime de ce que l’on appela bientôt « la Bête de Gévaudan » : au cours des trois années qui suivirent, pas moins de 75 personnes furent abattues et de nombreuses autres cruellement blessées par cette créature mystérieuse et sanguinaire.
    La nature de la Bête est toujours restée énigmatique : loup géant, animal exotique, monstre sorti des enfers ou tueur humain, nul n’a jamais pu trancher avec certitude.
    C’est finalement un certain Jean Chastel, personnage ambigu, qui parvint à l’abattre d’une balle bénite en argent – unique projectile capable d’abattre un loup garou selon la légende -, le 19 juin 1767. Le cadavre ne fut pas conservé, mais il s’agissait apparemment d’un hybride de loup et de gros chien. La Bête obéissait-elle à un maître ? Pour certains l’hypothèse que ce soit Jean Chastel lui-même mais le mystère plane toujours.

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  • Zmeï Gorynytch – La terreur de toutes les Russies

    Ci-dessus en haut à gauche illustration d’Ivan Bilibine « A l’issue d’un combat sans pitié contre Zmeï Gorynytch, Dobrynia Nikititch libère la belle Zabava Poutiatichna » et une peinture de Zmeï Gorynytch par B.Zvorykine

    Echappé de récits épiques vieux de 1000 ans, le dragon Zmeï Gorynytch épouvante aujourd’hui encore les petits enfants russes, à qui l’on décrit ses trois têtes crachant du feu et son grand corps reptilien couvert d’écailles impénétrables …
    Il y a bien longtemps, un jeune héros nommé Dobrynia Nikititch et sa mère Amelfa Timoféïévna vivaient dans une belle région de la grande Russie. Amelfa était réputée pour sa sagesse et ses intuitions presque surnaturelles … Un jour, elle mit son fils en garde contre la rivière Poutchaï qui coulait près de chez eux : à aucun prix il ne devait s’y baigner s’il souhaitait garder la vie ! Consumé par la curiosité, Dobrynia se rendit au bord de l’eau malgré les avertissements maternels. La rivière lui sembla paisible et limpide, et, comme le soleil brillait, il quitta bientôt ses habits, son armure et son épée pour plonger dans l’eau claire.
    Hélas, à peine eut-il fait quelques mètres, qu’un immense dragon à trois têtes se rua sur lui, prêt à le dévorer. Ce n’était autre que le fameux Zmeï Gorynytch, redouté jusqu’aux confins de l’Oural. Dobrynia crut sa dernière heure arrivée. Mais avant que Zmeï Gorynytch n’ait eu le temps de l’atteindre, il se précipita vers la rive et parvint à attraper son lourd casque d’acier. Il en porta un coup féroce sur le crâne de la bête, et s’apprêtait à recommencer quand le dragon le supplia d’arrêter : il fit appel à sa pitié en évoquant ses nombreux enfants et lui demanda la vie sauve. Dobrynia se laissa attendrir et le dragon s’enfuit.
    Mais le héros regretta bientôt son geste : à peine libéré, Zmeï Gorynytch enleva la jolie Zabava Poutiatichna, nièce du prince Vladimir de Kiev. Dobrynia se rendit alors sur les lieux, bien décidé à en finir avec le monstre. Il s’approcha de sa tanière, établie dans un réseau complexe de grottes. Dès qu’il y pénétra, il fut assailli par des centaines de petits dragons : les enfants de Zmeï Gorynytch. Avec l’aide de son cheval magique, il parvint à les vaincre, mais leur père, alerté par le bruit, se précipita sur lui dans une rage folle. Commença alors un long combat : c’est seulement au bout de trois jours et trois nuits que Dobrynia parvint à vaincre la cruelle créature. Parcourant le réseau de cavernes du monstre, il y trouva de nombreux prisonniers qu’il libérera un à un. Dans le dernier cachot, il découvrit enfin la nièce du prince Vladimir, qu’il ramena en grande pompe à son oncle.

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  • Le Graoully – La terreur messine

    Ci-dessus en haut Saint Clément (gravure tirée de La Cathédrale de Metz par Jean-Baptiste Pelt), en bas à gauche une des effigie du Graoully à Metz dans la cathédrale Saint Etienne et à sa droite illustration d’après une miniature du XIVe siècle où Saint Clément maîtrisa le Graoully avec une simple étole et le promena dans la cité

    Incarnation des forces diaboliques du paganisme, le Graoully hantait la ville de Metz il y a près de 2000 ans. Saint Clément, en libérant la cité par la seule puissance de sa foi, la fit entrer dans le giron de la chrétienté.
    Il y a fort longtemps, un dragon sanguinaire faisait régner la terreur sur le ville de Metz. La seule vue de cette créature infernale suffisait à susciter l’effroi : doté d’un corps recouvert d’écailles brunes plus solides que l’airain, de courtes pattes griffues, d’yeux rouges et d’ailes de chauve-souris, le monstre respirait la puissance et la cruauté. Chaque soir, il survolait la cité la gueule grande ouverte sur ses crocs acérés, et fondait sur quelque proie innocente qu’il dévorait sans pitié. On le surnommait « le Graoully » de l’allemand « graulich », qui signifie terrifiant.
    Les habitants de Metz étaient désemparés face à ce fléau lorsque Saint Clément arriva dans la cité. Il venait de Rome pour apporter la bonne parole au peuple messin encore païen. La réputation de l’homme d’Eglise était grande, et on le disait capable d’accomplir des miracles. Sans se munir d’aucune arme ni armure, il se rendit dans l’antre du dragon qui s’était établi dans les arènes de Metz, ancien amphithéâtre romain. Le Graoully faisant face à Clément, la gueule dégoulinante d’une bave empoisonnée, le saint prit une simple étole dans ses mains et la jeta autour du cou du monstre, qui fut aussitôt immobilisé. Il le conduisit alors, comme un chien en laisse, jusqu’aux rives de la Seille, l’un des deux fleuves qui coulent à travers Metz où il le jeta à l’eau. Celui-ci disparut à tout jamais au fond des flots. Metz fut ainsi débarrassée du Graoully. Eblouis par ce nouveau miracle de Saint Clément, les habitants abandonnèrent leurs anciennes croyances et se convertirent au christianisme. Il devint ainsi le premier évêque de Metz appelé encore Divodurum.

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  • Le Ver de Lambton – La Malédiction de Durham

    Ci-dessus en haut photo du pont sur la rivière Wear à Durham, en bas à gauche illustration du ver lambton de A John D. Batten (collection par J. Jacobs, 1897) et à droite dessin du ver sortant du puits

    Parce qu’il menait une existence dépravée, le jeune John Lambton attira un abominable dragon sur les terres de son château. Il parvint à s’en débarrasser, mais ses descendants payèrent longtemps le prix de ses péchés.
    Il y a bien longtemps, l’héritier du château de Lambton, situé dans le comté de Durham en Angleterre, était un jeune débauché qui passait son temps en fêtes et beuveries. Un beau matin, il se rendit à la rivière Wear pour pêcher. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il releva sa ligne ! Au lieu d’un poisson, une affreuse créature était prise à l’hameçon : un énorme ver noir et visqueux, doté d’une tête de dragon et d’yeux de démon. Des centaines de crocs acérés hérissaient sa gueule, et une humeur nauséabonde suintait de branchies situées sur les côtés de sa tête.
    John Lambton rejeta sa monstrueuse prise dans le puits de plus proche, pensant s’en débarrasser. Choqué par l’évènement, il s’en fut ensuite en Terre sainte pour se repentir de ses péchés. Mais durant son absence, le Ver fut loin de dépérir : il s’extirpa du puits pour s’installer sur la colline voisine, et grandit si épouvantablement que son corps annelé faisait neuf fois le tour de ce tertre. De là, il se mit à semer la terreur dans la région, dévorant bétail et enfants. Les habitants tentèrent de le combattre, mais à peine quelqu’un avait-il tranché le Ver en deux que les parties se ressoudaient …
    Quelque temps plus tard, John Lambton revint de son pèlerinage et découvrit ce qui était arrivé en son absence. Il s’en voulut de ne pas avoir tué le Ver la première fois et résolut de libérer la région de cette bête immonde. Avant de l’affronter, il alla consulter une sorcière réputée, qui lui donna plusieurs conseils : pour vaincre le monstre, il devait impérativement l’affronter dans la rivière Wear et porter une armure particulière, entièrement recouverte de lames effilées. Ce qu’il fit et se rendit auprès du monstre. Il manoeuvra astucieusement pour l’attirer jusqu’au fleuve, et, une fois dans l’eau, laissa le Ver s’enrouler autour de lui. Le monstre pensait ainsi l’étouffer, mais fut tranché en morceaux par les lames qui recouvraient l’armure de John. Ainsi périt le Ver, mais sa malédiction poursuivit la famille des Lambton pendant neuf générations durant lesquelles tous les héritiers du château périrent de mort violente dans d’abominables circonstances. En effet, pour l’éviter, il devait tuer la première personne qu’il croiserait après le combat. Hélas lorsqu’il revint victorieux c’est son père qu’il vu et ne put se résoudre à l’abattre, et tua à la place son plus fidèle chien, qui était également à ses côtés. Il espérait ainsi conjurer la malédiction mais ce ne fut pas le cas.

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  • Le Griffon – Seigneur du Ciel et de la Terre

    Ci-dessus différentes illustrations du griffon dont une en haut à droite provenant du bas-relief du palais de Darius Ier (510 avant J.C., musée du Louvre, Paris) et tout en bas à droite un « hippogriffe » (animal hybride entre un griffon et une jument) qu’on retrouve dans Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban (2004)

    Depuis la nuit des temps, la majestueuse silhouette du Griffon plane sur les mythologies du monde entier : cette puissante créature, mêlant l’aigle et le lion (les deux animaux les plus nobles), veille sur les trésors et transporte les dieux.
    Doté de l’arrière du corps d’un lion (le roi de la Terre) et des ailes, de la tête et des pattes avant d’un aigle (le maître des cieux), le Griffon est un animal d’une majesté sans égale. Son corps musclé est recouvert d’un plumage multicolore : son dos est noir, son cou bleu, ses ailes blanches et sa poitrine rouge. Grand comme huit lions et fort comme cent aigles, il possède des serres aussi grosses que les cornes d’un bœuf, avec lesquelles il peut emporter un cheval dans les airs aussi facilement qu’une brindille de paille.
    Apparu en Mésopotamie il y a plus de 5000 ans, le Griffon avait alors la charge de garder l’arbre de vie et les portes des cités. On le retrouve ensuite en Egypte vers 3000 ans avant J.C., où sa puissance en fait un symbole du roi combattant. Dans la mythologie grecque, le Griffon est cité comme animal de compagnie de Zeus, le roi des dieux, mais également comme monture d’Apollon. Les Grecs pensaient aussi que des Griffons veillaient jalousement sur l’or mythique des Hyperboréens (peuple vivant dans l’Extrême Nord) et sur le cratère contenant le vin du dieu Dionysos. On raconte encore qu’Alexandre de Grand tenta en vain d’apprivoiser un Griffon pour en faire sa monture. Très populaire dans l’Antiquité, le Griffon réapparaît à l’époque médiévale où on le considère alors comme un animal bien réel et il figure en bonne place dans les bestiaires et les encyclopédies. Mais il est aussi un symbole christique : l’aigle représente la part divine du Christ, tandis que le lion illustre son humanité. Il fut donc naturellement associé au Saint Graal, dont il aurait été le gardien. L’architecture gothique a aussi fait du Griffon un motif très prisé : on le retrouve sur de nombreux monuments sous forme de gargouille. L’héraldique (art des blasons) s’en empare enfin, et le Griffon devient un symbole de force et de noblesse arboré par de nombreux blasons de la chevalerie.

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